La voie de la déraison: les élections maliennes programmées en juillet 2013


Rédigé le Lundi 29 Avril 2013 à 19:02 | Lu 559 commentaire(s)


La voie de la déraison: les élections maliennes programmées en juillet 2013
La voie de la déraison: les élections maliennes programmées en juillet 2013
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« Ban Yèrè-la tè Tàa (Taga) Gnièw
    (Le mépris de soi-même ne peut que mener à la ruine)».
 
   
Il ne saurait y avoir, en bamanan-kan (langue des Bamanans), d’apologue mieux indiqué  pour décrire, à la perfection, la voie de la déraison qu’ont choisie Dioncounda TRAORÉ et Django SISSOKO de suivre, à l’aveugle, la pudibonderie parlementocratique de la  France de HOLLANDE, F. et celle de certains de ses alliés euro-occidentaux  désirant, vaille que vaille, installer à Bamako, à la faveur du précipice électoral mis en chantier pour  juillet 2013, un régime de cossards  corrompus et sans légitimité qui sera non seulement essentiellement issu du personnel politique ayant mené le Mali à la ruine morale et sociale durant les quarante cinq (45) dernières années, mais également disposé à signer, avec les États euro-occidentaux adhérant au projet électoral hâtif lui  permettant de s’établir, des contrats léonins de toute nature au détriment de l’intérêt supérieur des peuples africains au pays de Modibo KEITA ( 1915- 1977).
 
    Dioncounda TRAORÉ et Django SISSOKO savent, en leur âme et conscience, que le respect de la Constitution malienne exige de sursoir à toute activité électorale jusqu’à la restauration de la paix sur l’ensemble de l’étendue du territoire de la République. De Koulouba (Palais présidentiel) et de la Primature, où ils doivent normalement veiller jalousement sur l’intérêt du Mali en toute circonstance, ils n’ignorent pas non plus :
  • 1o) que des braves soldats sont toujours en campagne, faisant le sacrifice de leur vie, pour réduire non seulement la fronde  des criminels de guerre du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), mais  aussi celle de leurs complices faux djihadistes et islamistes,
 
  •  2o) qu’en conséquence, le respect et la gratitude envers les combattants de la restauration de la souveraineté du Mali sur l’ensemble du territoire commande de donner priorité à la question stratégique et non à l’excès de  zèle à satisfaire aux exigences de François HOLLANDE et de Laurent FABIUS, dont l’empressement à tendre le piège électoral de juillet 2013 au Mali laisse  douter de la finalité réelle de l’ « Opération serval »,
 
  •  3o) que pas moins de 400 000 maliennes et maliens, contraints  à l’exil dans les pays voisins, et autant de nombre de réfugiés sur place, ne sont pas encore de retour au foyer pour y exercer sereinement leur droit de vote,
 
  • 4o) que la liste électorale disponible est loin d’être fiable,
 
  • 5o) que l’administration territoriale, devant garantir l’intégrité du vote, n’est pas entièrement restaurée dans les  Régions usurpées, où elle a été chassée par les criminels de guerre du MNLA et leurs complices faux islamistes ou djihadistes, et
 
  • 6o) que la délicatesse et le respect envers les agriculteurs et les éleveurs maliens exigent, qu’en pleine période hivernale, ils ne soient point distraits de leur noble travail nourricier de la population par les carillons de la récréation électorale inopportune de juillet prochain.
 
    L’obstination de Dioncounda TRAORÉ et de Django SISSOKO à maintenir le calendrier électoral dressé par la France plutôt qu’à se soucier du respect de la Constitution du 25 février 1992 ne fait qu’ajouter à l’opprobre jeté sur le peuple malien depuis le début de l’usurpation territoriale en janvier 2012 par les criminels séditieux du MNLA et de leurs comparses faux djihadistes ou islamistes. Aussi, convient-il, face à tant d’ignominie, de joindre sa voix à celles qui, de l’intérieur comme de l’extérieur, invitent instamment les locataires de Koulouba et de la Primature à retrouver la voie de la raison et à suspendre le calendrier électoral impromptu jusqu'à ce que, conformément à la volonté du Constituant malien du 25 février 1992, la paix soit instaurée sur toute l’étendue du territoire usurpé.


    Il ne faut surtout pas penser que Dioncounda TRAORÉ et Django SISSOKO sont seuls coupables de placer le Mali sur la voie de la dérive électorale de juillet 2013. La coresponsabilité à cet égard incombe tout aussi bien à ceux qui, dans leur empressement à les remplacer à la tête de l’État patrimonial forgé au Mali depuis le bouleversement politique du 19 novembre 1968, collaborent  à leur manège électoral concocté depuis l’Élysée et le Quai d’Orsay, à Paris, en vue de réinstaller au pouvoir des politiciens frelons  issus de la défunte « Mouvance présidentielle » d’Amadou Toumani TOURÉ (ATT).


    Convaincue du fait que, le 11 janvier 2013, l’ « Opération serval », surtout après la chute, un mois auparavant, du Premier ministre « au plein pouvoir » Cheick Modibo DIARRA, est venue parachever le sauvetage du régime d’ATT , sans ATT en fuite, amorcée par la « Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) » au lendemain du 22 mars 2012, de la détermination du  « Comité National de Redressement de la Démocratie et de la Restauration de l’État (CNRDRE) » à y mettre fin, cette classe politique « mouvancière » préfère s’agripper à la main électorale française (sournoise?) qui lui est tendue pour la repêcher de la noyade politique imminente et pour lui remettre, par la médiation du simulacre des compétitions électorales programmées en juillet 2013, les clefs du Palais présidentiel de Koulouba.


    Particulièrement riche d’esprits chafouins, la classe politique « mouvancière » concernée est atteinte d’ « aidopathie ». C’est à dire une sorte d’affection mentale aigue, la rendant incapable de concevoir son avenir,  celui du Mali et de l’Afrique toute entière sans  l’ « assistance étrangère », l’ « investissement des capitaux étrangers »  ou, naïvement pour tout dire, l’ « aide à la coopération au développement ». Son horizon intellectuel extraverti l’empêche de voir que, fondamentalement, c’est la mobilisation de l’épargne interne pour répondre aux nécessités de vie de la population d’un pays, qui ouvre la porte à la quiétude sociale et à la prospérité économique.


    Ainsi, profondément affligée par la folie de la dépendance chronique à l’ « aide », elle expatrie, par goût excessif du consumérisme, sa fortune acquise généralement par la prévarication et par le détournement des deniers publics. Pour justifier son attitude incongrue, elle met beaucoup d’énergie à mobiliser ses experts dans l’art d’édifier des châteaux de prétextes. Ces savants du subterfuge ne manqueront évidemment pas, en la circonstance, de souligner certes le caractère ex abrupto, mais indéniablement salutaire des élections de juillet 2013 au Mali. Ils n’auront pas grand mal à convaincre, si ce n’est déjà fait, même des chefs de rares partis politiques qui étaient exclus de la « Mouvance présidentielle » d’antan.


    En tous cas, c’est avec délectation que les « gourous-mouvanciers » de la duperie s’appliqueront, ils le font déjà, à aiguiser l’appétit à l’investiture présidentielle de tous ceux qui sont pressés d’en découdre électoralement pour combler, pensent-ils, la crise de leadership politique et gouvernementale d’une part et, d’autre part, pour  avoir enfin accès aux délices rattachés au titre de « Président de la République du Mali » transformée, on l’a  déjà dit ici et dans nos articles précédents sur la tragédie malienne, en un État patrimonial.


    Enfin, dans l’ultime tentative de rallier l’opinion publique malienne résolument hostile à l’idée de toute élection hâtive destinée à donner une nouvelle virginité à la classe politique « mouvancière », ces avocats de la tenue des élections en juillet 2013, invoquent inlassablement, à l’appui de leur position inconséquente qu’ils tiennent des caciques de la classe « mouvancière », la nécessité du retour de l’ « aide » et de toute l’ « aide à la coopération au développement » pour une reprise effective des activités économiques stagnantes.


    Résolument campée dans leur idée électorale incongrue, cette classe politique fait mine d’ignorer complètement la nature, l’histoire et l’usage de l’ « aide » qui, il faut le dire, consiste essentiellement et non exclusivement, en un germe saprophyte n’ayant pu, dans le monde contemporain, développer ses capacités pathogènes qu’à la faveur de la débâcle du système de domination coloniale franche consécutive aux aventures bellicistes euro-occidentales de 1914-18 et de 1939-45.


    Autrement dit, l’ « aide » n’est qu’une affection aliénante endémique et pandémique postcoloniale en Afrique formellement libérée du  joug colonial. À l’âge des indépendances formelles, le vocable « aide » sert essentiellement, à moindre coût, à transformer les rapports coloniaux en rapports néocoloniaux.


    De nos jours, ces rapports néocoloniaux consistent non pas en un changement dans la nature du colonialisme, mais dans sa forme. De fait, l’ « aide », dans sa mise en œuvre, remplace le régime de domination coloniale franche assurée par  l’occupation militaire étrangère garantissant l’administration directe de la colonie et, consécutivement, la mobilisation ainsi que  le transfert de ses ressources vers le pays colonisateur se développant au détriment de la société néo-colonisée maintenue artificiellement dans la misère économique sociale et culturelle, grâce à une administration locale assurée par un gouvernement de service, dont les membres sont  soigneusement  choisis grâce aux astuces de l’État dominateur-pilleur  étranger: « le modèle De Gaule-Foccart ».


   En effet, dans le schéma construit par  Jacques FOCCART (1913-1997), le « Conseiller aux Affaires africaines » du Général de GAULE (1890-1970), la domination de la France en Afrique s’effectue par le truchement des dirigeants africains mis au pouvoir par coup d’État militaire ou électorale.


    N’en déplaise donc à Nicolas SARKOZY, et à son épigone François  HOLLANDE, le « modèle De Gaule-Foccart » instille toujours l’art du néocolonialisme dans les rapports interétatiques de la France en Afrique, comme on le voit aujourd’hui au Mali, où le « gouvernement Dioncounda Traoré-Django Sissoko » réalise, pour le compte de la France et pour celui de ses alliés euro-occidentaux, les tâches essentielles qui étaient autrefois dévolue à l’administration coloniale : réunir les conditions du pillage des ressources du Mali.


    Pour clore la leçon liminaire que nous venons de donner sur l’ « aide », disons que celle-ci est au régime néocolonialiste, ce qu’a été fondamentalement l’armée d’occupation au système de domination coloniale franche. Sa mise en œuvre, ainsi que l’atteste l’ « Opération serval au Mali » ou l’ « Opération épervier » au Tchad, etc., force le maintien des liens de dépendance et renoue la chaîne de domination dénouée par la lutte pour l’autodétermination. C’est en cela précisément que l’œuvre de Tibor MENDE (1972) intitulé « De l’aide à la recolonisation » prend tout son sens. L’ « aide », pour tout dire simplement, n’est, en contexte néocolonial, qu’un succédané de l’armée d’occupation étrangère en colonie. Son rôle est d’assurer ce que Jean ZIEGLER (1980), à l’observation, a appelé fort opportunément la : « Main basse sur l’Afrique - La recolonisation ».   


    Que Dioncounda TRAORÉ, Django SISSOKO et les chantres de la défunte « Mouvance présidentielle » d’ATT ne se méprennent donc pas! L’ « aide » sous ses diverses formes (« publique, privée, bilatérale ou multilatérale »), devenue indispensable à l’expansion du capitalisme et à sa survie, n’est, fondamentalement qu’un instrument de nuisance aux États néocoloniaux, mais un outil précieux générateur, grâce aux  profits exorbitants, de déséquilibre économique au profit des pays dispensateurs d’ « aide ». Habile à former des aliénés en néo-colonie, les remèdes qu’elle fait ingurgiter, à travers une flopée de programmes aux patients aspirant au « développement », constituent des sédatifs puissants aux effets neurasthéniques. La  guérison de l’ « aidopathie » dépendra donc, absolument, de l’établissement d’une véritable stratégie de libération de l’ « aide » par le travail dans la négation totale du gain facile.


    On voit donc bien, à la lumière de cet enseignement laconique sur la nature, l’histoire et l’usage de l’ « aide » que Dioncounda TRAORÉ, Django SISSOKO et les partis politiques de l’ «  ex-mouvance présidentielle » d’ATT ne sauraient être disculpés dans leur entêtement à suivre la voie de la déraison électorale tracée de l’étranger. Cela en dépit du fait qu’ils n’ont cesse d’exciper, dans leur quête de justification à leur complice obéissance aux directives du gouvernement français, du fait que des menaces de suspension de « toute aide » au Mali fusent des « bailleurs de fonds » du monde euro-occidental et qu’ils n’ont pas le choix que de se soumettre aux injonctions électorales de la France et de ses Alliés.


   À mon humble avis, le fait que François HOLLANDE, dans sa prestation télévisuelle du 28 mars écoulé, n’ait point fait mystère, à travers les propos suivants : « Nous voulons qu’il y ait des élections au Mali à la fin du mois de juillet. Et ça, nous serons intraitables là-dessus », des menaces proférés à l’endroit des dirigeants intérimaires maliens, confortant ainsi en cela Laurent FABIUS dans son appel pressant du 27 février 2013, lancé au Palais Bourbon, à des élections « le plus rapidement possible » au Mali, ne saurait justifier la prédisposition de Dioncouda TRAORÉ et de Django SISSOKO à les obéir aveuglement sans ménagements ni pour l’intérêt du peuple malien, encore moins pour sa susceptibilité.


Que l’on ne s’étonne donc pas, si le vendredi 5 avril écoulé, c’est à dire deux mois après la visite triomphale du Président français au Mali dans le sillage du succès apparent de l’ « Opération serval », le chef du Quai d’Orsay, de passage à Bamako pour y délier les cordons de la bourse électorale, ne se soit pas privé d’encourager, de soutenir et de stimuler, non seulement Dioncounda TRAORÉ et Django SISSOKO mais également des dirigeants de partis politiques de la défunte « Mouvance présidentielle » d’ATT, dans le processus de remise en état, en juillet 2013, de la fiction parlementocratique fort abimée dans son « pays du champs » ou dans sa « zone de solidarité prioritaire » par le bouleversement politique involontaire avorté du 22 mars 2012.


   La docilité de  Dioncounda TRAORÉ, de Django SISSOKO et de la classe politique « mouvancière » malienne ne font pas moins que rappeler l’attitude des dirigeants africains des années 1980-90. Parfaitement instruits des  conséquences nocives prévisibles du « Programme d’Ajustement Structurel (PAS)» sur leur économie, comme l’attestait récemment, à Radio France International, l’ancien ministre du Sénégal Cheik Hamadou KANE, ces dirigeants ont choisi d’assister, impassible, au saccage de la vie sociale de leurs concitoyens sur l’hôtel de la gestion de leurs salaires et de leurs carrières politiques.  C’est comme, qui dirait au Mandé  (pays des manding): « Ka Kalla-yéh Ki Yi Gnièw Turu  Aa-la », de l’aveuglement volontaire pure et simple.


    L’heure est très grave !

Elle n’est pas au règlement de compte, mais à la mobilisation pour convaincre les décideurs maliens et, notamment, Diouncounda TRAORÉ et Diango SISSOKO à revenir à la raison. Ils ne peuvent pas et ne doivent pas se substituer à l’intelligence majoritaire des Maliennes et des Maliens. Ils savent autant que toute personne de bonne foi, qu’elle soit au Mali, en France ou ailleurs dans le monde, qu’en société parlementocratique la volonté populaire est souveraine, que passer outre cette volonté est la voie ouverte à la tyrannie. Je ne pense pas que François HOLLANDE ni Laurent FABIUS accepterait que les États-Unis, la Chine, le Mali, ou un quelconque pays de la communauté de droit interétatique vienne leur dicter la conduite des Affaires françaises.

 
    Autrement dit, la solution à la tragédie malienne doit être trouvée par les Maliens et les Maliennes. Ceux-ci dans leur immense sagesse pensent que le salut du Mali n’est pas dans l’organisation des élections présidentielles, législatives et municipale hâtives, mais dans l’art:  
  1. ) de rassembler toutes les forces maliennes positives subordonnées à la nécessité de pacifier le pays et de rétablir son intégrité,
 
      2.  ) de restaurer l’administration dans les 3 Régions usurpées par les criminels du MNLA et leurs complices faux islamistes et djihadistes et, enfin,

 
      3.  ) d’organiser le retour des réfugiés avant de se lancer, tête baissée, dans une quelconque aventure électorale risquant de créer plus de problèmes en donnant l’eau au moulin des criminels de guerre du MNLA et de leurs complices faux djihadistes ou islamistes.

 
    Soulignons ici que la restauration de l’administration et le retour des réfugiés doivent dépendre de la pacification et du rétablissement de l’intégrité du territoire. Il faut donc tout mettre en œuvre pour éviter au Mali l’un des quelconques scénarios afghans, irakiens ou, pire, somaliens, etc. en faisant appel à nos ressorts historiques. Il est temps que Dioncounda TRAORÉ et Django SISSOKO réunissent un « KURUKANFUGA II » souverain et fasse enfin honneur à la tradition de sagesse, de respect et de convivialité qui caractérisent le Peuple malien dans l’art de rassembler toutes ses forces vives autour de la question stratégique.


  Idéalement, « KURUKANFUGA II » doit résoudre l’équation de la question stratégique en fonction de deux objectifs fondamentaux :
  1. A) La désignation, pour 2 (deux) ans, d’un organe exécutif provisoire d’au plus 9 (neuf) membres dont les tâches essentielles sont :
  • la pacification
  • et la restauration de l’intégrité du territoire,
  • la mise en état de l’administration,
  • l’organisation du retour des réfugiés
  • et celle des élections municipales, législatives, et présidentielles;
 
  1. B) l’élaboration d’un projet de Constitution du Mali (nouveau) qui sera soumis au référendum une année avant les élections municipales, législatives et présidentielles.
 
    Nous nous engageons, si, par improbable - notre proposition mérite qu’on s’y attarde - à la mesure de son importance,  à nous mettre à la disposition du pays pour régler les détails du processus et de la procédure de la mise en œuvre de « KURUKANFUGA II » pour une sortie définitive de la tragédie malienne.

 
DIARRA, Bakary Sidiky NBadiallah (BONIFACE)
Montréal le 19 avril 2013