IBK, ses symboles et projets
Acte 1 : Le discours à l’investiture
« … Monsieur le président Moussa TRAORÉ, El hadj Moussa TRAORÉ, votre présence ici aujourd’hui ne nous surprend guère. Elle est le fait du grand républicain que vous êtes… » [1]
Acte 2 : La tentative de changement de constitution
Vers la fin de 2016 et au cours de l’année 2017, le clan IBK présente un projet de nouvelle constitution, sous le label d’un toilettage, qui devait être votée par référendum le 9 juillet 2017. Les Maliens ont récusé l’imposture et la rue a imposé sa volonté, entérinée par quelques rencontres de coulisses et IBK a dû se plier à surseoir, deux (2) dimanches plus tôt, le 21 juin 2017.
Acte 3 : Le report des élections locales et régionales
À trois (3) semaines de leur tenue ordinaire, les élections locales et régionales, prévues pour le 17 décembre, ont été repoussées de 4 à 5 mois, vers la fin du premier semestre de l’année 2018. Le prétexte tout trouvé par le gouvernement est « …notre volonté d'organiser des élections inclusives et apaisées, qui répondent aux préoccupations de tous les acteurs engagés dans le processus électoral. »
À croire qu’une élection au Mali viserait habituellement l’exclusion des uns ou des autres. Allez savoir, au pays où la moindre "insécurité résiduelle" empêche toute existence de l’État !
Acte 4 : La joie des retrouvailles de clans à Bamako
ATT revient, et, dit-il, « … mesure toute la dimension du départ, il y a 5 ans et 8 mois, seul à 23h35 et surtout du retour parmi la foule d’une grande partie de Bamako à 11h35 ; ça, c’est la part du symbole. Le président KEITA a mis en place toutes les commodités requises … » [2]
Que couvrent ces actes, singulièrement le 4ème et dernier, pour le pouvoir d’IBK, ses usuriers et bénéficiaires ?
Que pèsent ces opérations dans la balance des promesses faites par IBK, au Mali et à la France, lors de la campagne électorale en 2013 ?
Finalement, que vaut le bilan de mandat d’IBK au regard des réalités géostratégiques et socioéconomiques du Mali ?
Les clans au pouvoir depuis le 26 mars 1991, disent « la réconciliation est en marche avec le retour d’ATT »
Comme si ATT, qui arrive simplement de sa luxueuse villa de Dakar, était l’occupant qui avait partitionné le Mali depuis 2012.
Une fois de plus, IBK et les clans de prédation se trompent lourdement, mais délibérément !
Les conséquences ne vont donc pas tarder : du report éventuel des élections de 2018 au maintien probable d’IBK au pouvoir contre la volonté de toutes et tous !
Les véritables mobiles de ces contorsions se situent sans doute là, et nulle part ailleurs, mais "time will tell" !
Que se passera-t-il au Mali en cas d’élection présidentielle reportée, bâclée/tripatouillée ? qu’en sera-t-il de la tutelle étrangère sur le pays ?
Pour tout observateur averti, l’incapacité des IBK, à redonner espoir et sens aux Maliens, n’est plus à démontrer pour ce qui concerne la situation véritable de leur Mali :
- la Paix est loin, malgré les tapages officiels sur tous les supports de communication ;
- IBK a fait un plat échec à son accession au pouvoir en élevant GMT au rang de républicain ;
- IBK fait un retentissant revers à sa sortie de pouvoir en associant ATT à ses déboires.
Ce président-là n’est décidément pas celui qui pourra sortir le Mali de ses impasses !
Il y a de sérieux indices qui permettent de croire que l’élection présidentielle n’aura pas lieu au Mali en 2018. Toutes les conditions qui préfigurent son report, annulation et/ou tripatouillage sont réunies : le Mali n’est pas prêt d’élire son président en 2018 dans les bonnes conditions prévues par la Loi fondamentale.
Que reste-t-il encore comme symbole, manifestation ou projection de la souveraineté quand il n’y a pas d’intégrité territoriale, pas de sécurité intérieure, pas d’élections, pas d’école ni éducation, pas d’entreprises publiques ?
Malgré tout, le clan IBK s’ingénie, de jour comme de nuit, à vouloir dégoter un deuxième mandat de 5 ans, voire plus, avec la toute-puissance de la corruption et du népotisme.
Voilà, la raison d’accueil à tambours et à cris d’un fuyard sans lustre !
Toutefois, cette forme d’accueil d’ATT met davantage en avant les 2 principales formes de misère et d’indigence au Mali : la manipulation d’un peuple sourd-muet-aveugle et la complicité permanente des officines politiciennes tenues par des hommes et femmes se disant politiques.
Sombre décembre 2017 ou le retour tapageur d’un fuyard incognito !
29 décembre 2017, ATT est de retour au Mali, tout beau et tout neuf, accueilli à cris et tambours.
29 décembre 2017, le 4ème premier ministre du mandat d’IBK rend le tablier et présente la démission de son gouvernement.
30 décembre 2017, est nommé, en la personne de M. Soumeylou Boubèye MAÏGA (SBM), le 5ème premier ministre d’un mandat unique de cinq années devant s’achever à la mi-juillet 2018.
Les langues nationales se délient aussitôt et supputent :
"C’est une faveur pour SBM exigée et négociée par ATT dans le cadre de son retour." "Non, c’était plutôt convenu de longue date entre les membres des clans IBK et ATT.", etc..
En tout état de cause, il n’y a pas de hasard et les Maliens ne sont pas les seuls à s’interroger et à se répondre.
Selon Dakaractu, « Cette promotion dont jouit cet ancien ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale dans le gouvernement de Amadou Toumani Touré n’est pas sans corrélation avec le retour de celui-ci au Mali après plus de cinq ans d’exil à Dakar… » [3]
« Dans le "Mali d’Aujourd’hui", l’irresponsabilité au "très haut" sommet de l’État complètement affaissé a infecté les Maliens d’un syndrome sévère.
Cette infection virale - "la nostalgite aigüe", se caractérise par la fâcheuse tendance a regretté le dernier président sorti, tant sont impressionnantes les déceptions et angoisses générées par les frasques et errances du prince du jour.
C’est ainsi que ATT (Amadou Toumani TOURÉ) est "regretté" et presque "réhabilité militairement" face à IBK (Ibrahima Boubacar KÉÏTA) ; ce fut comme cela que AOK (Alpha Oumar KONARÉ) était presque "innocenté moralement " sous ATT ; tel était le cas pour GMT (général Moussa TRAORÉ) qui a été "innocenté patriotiquement" aux temps de AOK.
Le Président Modibo KÉÏTA ne rentre pas dans ce tableau de compétition à l’ostentatoire et au populisme rabaissant.
Et, devant tant d’incurie généralisée des intellectuels ambulants, profiteurs encartés et partisans des diverses officines politiciennes, l’errance et "la nostalgite aigüe" ont de beaux jours devant elles au Mali !
Cependant, de "grands bouleversements" sont déjà dans l’air, à la malienne ! » [4]
Aujourd’hui ATT est de retour, tout beau et tout neuf, donnant hélas ! raison au FNC.
Pour quel intérêt le clan IBK a-t-il organisé le retour d’ATT ?
Après que la rue ait imposé à IBK de devoir surseoir à l’imposition d’une nouvelle constitution, les insuffisances cumulées de ses gouvernements les ont acculés à reconnaître leur incapacité à organiser des élections locales en temps et dans le ressort.
Il ne restait plus à IBK et à ses acolytes que d’afficher un semblant de réussite en amassant des ventres cupides autour des deniers publics au prétexte d’accueil d’ATT.
Vouloir donner une dimension étatique à un si banal événement, c’est clairement reconnaître que le pouvoir est aux abois et en quête d’existence !
Tout leur art consiste à divertir les masses pour les maintenir dominées (cf. l’article au titre original « FAMILIE ÜBER ALLES » d’Aïda DIAGNE sur www.fncdumali sous l’intitulé « Un pouvoir sinistrement familial sous le règne d’IBK 1er » : https://www.fncdumali.com/Mali-un-pouvoir-sinistrement-familial-sous-le-regne-d-IBK-premier_a103.html
Un pouvoir aux abois donc, après moult camouflets politiques, sociaux et sécuritaires.
Que vaudra désormais la souveraineté du Mali, consacrée par les articles 26, 29 et suivants de la Constitution en vigueur du 25 février 1992 ?
Articles 26 : « La souveraineté nationale appartient au peuple tout entier qui l'exerce par ses représentants ou par voie de référendum. Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice. »
Article 29 : « Le président de la République est le chef de l'État. Il est le gardien de la Constitution. Il incarne l'unité nationale. Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire, du respect des Traités et Accords internationaux. Il veille au fonctionnement régulier des pouvoirs publics et assure la continuité de l'État. »
Peuple balloté entre les affres du dénuement et les désirs de paraître !
Maintenant, réduit au rang de faire valoir électoral, le peuple malien est souvent membre de toutes les officines, prenant à droite, mangeant à gauche, buvant au centre, couchant avec toutes pourvu que les trahisons et compromissions payent grassement !
Mais, le Mali devra son salut ultime à la richesse et diversité de ses ressources culturelles véritables, qu’il faudra explorer, valoriser, pour réussir la renaissance tant attendue, mais tardant à venir.
Le peuple du Mali, qui avance à reculons, quand il n’est pas figé, statique, coincé entre les fragments de son long passé fangeux, soi-disant glorieux à outrance, ce peuple, se fiant davantage aux liasses de billets de banque (peu importe leur origine) et aux broderies des boubous, doit revoir son contrat social rompu depuis belle lurette.
Ce ne devrait être le lieu de fiertés patronymiques usurpées, frisant l’orgueil et le ridicule, invoquant sans arrêt sa fraternité pluri-centenaire et ses prétendues capacités d’écoute. Mais, de qui se moque-t-on, là ?
Ce pays-là, où dieu est un alibi de circonstance et le diable un allié permanent, ce pays sans cesse voué aux gémonies, que chacun/chacune, tous et toutes, rêvent à haute voix de dépecer pour emporter sa part, ce pays spolié de ses heures de gloire, doit renaître de ses cendres encore fumantes.
En effet, "le printemps arabe" des années 2010 est de 20 ans le cadet de "l’harmattan malien", qui a balayé le général Moussa TRAORÉ et ses 23 années de dictature militaire. C’est l’étroitesse de vue et la cupidité des hommes et femmes arrivés aux affaires, avec la complicité de leurs alliés et acolytes, qui ont réduit le vent de renouveau malien en une petite tempête dans un verre de champagne, dont les parvenus du jour avalèrent les bulles à goulées voluptueuses.
Aujourd’hui, indépendamment des saisons, le Mali demeure chaud et sec.
Très chaud en tensions sociales et trop sec en ressources de renouvellement. Ce pays implosera ou se rompra, et la cruauté et la cupidité des politiciens y auront assez largement contribué.
Pays exsangue, où, désormais n’importe quel médiocre jeune de moins de 40 ans pense son heure arrivée de "macronner" [5], pays où n’importe quel pilleur des deniers publics de ces 25 dernières années ruse à obtenir l’adoubement des financiers du monde, afin d’effacer le Mali de la Mémoire d’Afrique.
Où est le Peuple du Mali, celui qui trime et s’épuise pour survivre sans jamais parvenir à s’éduquer, se soigner, se vêtir décemment ?
Élection présidentielle en 2018 ou transition politique à durée variable ?
Le Mali doit assumer son destin vertueux après les décennies de vacuité démocratique et envisager d’évoluer vers un véritable nouvel État.
« Ô ! Lumineuse personne de confiance
Toi, qui tiens parole et fais référence
Viens révéler la vertu et guider l’honneur
Là, où je ne sais gain tirer de mon labeur.
Arborant si insolemment le remarquable boubou
Cachant sa laideur ; elle ne tiendra pas le coup
Puisqu’elle n’est personne de sens et conscience.
Son couvre-chef d’or cousu donne une prestance
Où la belle tenue flamboyante fait diversion
Elle ne devra recevoir la confiance de la Nation.
Viens, valeureuse personne d’actions et de sciences
Couvrir de poussière la nuque de l’indolence.
Princesse ou prince, autrement que par couronne
Bienheureuse que des faits éclatants nomment ! » [6]
Le président IBK aime se rêver empereur, disposer des biens et en jouir [7] sans borne, distribuant terres nationales, distinctions républicaines, argent public à grand renfort de publicité.
La nomination, le 30 décembre 2017, d’un nouveau (le cinquième) premier ministre, n’annonce pas forcément le respect du calendrier de l’élection présidentielle, au cours du mois de juillet 2018.
En effet, quand un pouvoir ne parvient pas à organiser des consultations locales en un mandat de cinq (5) années, il y a peu d’espoir qu’il réussisse à accomplir une élection qui, en principe, devrait servir à le mettre dehors.
Le 5ème premier ministre d’IBK n’y pourra rien !
Ce théâtre de très mauvais goût suffit, sans aucun doute, aux politiciens pour sceller leur néfaste alliance contre les travailleurs déshérités du Mali, tant mieux pour eux et leurs juteuses affaires politico-familiales.
Et, tant pis pour le peuple qui sait à quoi s’en tenir : vivoter et attendre passivement sa mort inéluctable ou se ressaisir pour s’émanciper en connaissance de cause.
Mais, le peuple manque cruellement d’éducation d’éveil et de formation de conscience de sa force !
Allons donc clairement et aisément vers une année 2018 de transition politique !
Les mêmes, ceux et celles qui se relaient à la mangeoire depuis un quart de siècle de parodie de démocratie, suçant et engloutissant le peuple et ses ressources, crieraient une fois de plus au "vide constitutionnel" pour stigmatiser la « transition extraconstitutionnelle » qui s’impose au Mali après tant de bouffonneries politiciennes et d’errance autodestructrice.
Les femmes et les hommes politiques du Mali, dignes de représenter ce pays devront trouver ressources et intelligence pour convenir des modalités de la nouvelle situation extraconstitutionnelle, avec une feuille de route en deux points successifs : réaliser la sécurisation effective du Mali et organiser des élections générales "normales" conformément aux lois nationales.
Au Mali, nous aspirons à élire un président, un vrai. Nous ne voulons pas d’un seigneur par ici, valet par ailleurs !
Pour avoir été longtemps aux affaires publiques à l’intérieur comme à l’international (Conseiller diplomatique, porte-parole du 1er gouvernement d’AOK, Ambassadeur du Mali auprès de la RCI, du Gabon, du Burkina Faso, du Niger, Ministre des Affaires étrangères, des Maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine, Premier ministre durant plus de 6 ans, Président de l’Assemblée nationale du Mali pendant plus de 5 ans, Président du comité exécutif de l’Union parlementaire africaine et, depuis plus de 4 ans, Président de la République du Mali) que faudra-t-il encore à IBK pour cerner le Mali et ses préoccupations ?
Quel autre citoyen du Mali peut-il normalement prétendre connaître ce pays autant que le président actuel ?
Et si, avec un tel palmarès et autant d’expériences de la vie de la Nation, IBK ne tient toujours pas la route, ou la présidence du Mali, comment peut-on encore songer à le reconduire aux charges qui le dépassent ?
Gageons de faire en sorte que, IBK qui n’est pas à son premier essai sans succès, en reste définitivement là et que ceci soit le dernier du genre !
IBK doit nécessairement et impérieusement quitter le pouvoir au Mali à la fin de son unique mandat !
Mais le mot de la fin, le dernier et déterminant, reste au peuple, quand bien-même les PTF s’attèleront à jouer de leur partition au gré de leur agenda propre !
[1] Discours d’investiture d’IBK à Koulouba, le 4 septembre 2013
[5] Arriver au sommet de l’État en imaginant faire comme le président français élu en 2017
[6] Hymne populaire malien à la Vertu